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ia travaillait depuis 24 heures et écoutait en fond sonore France
Bleu Normandie. C’était écrit, il n’y aurait pas de second tour. Ber-
tille venait d’être élue plus vite qu’il n’en faut pour le dire. La jour-
naliste balança sur son fil Twitter aux 90 000 abonnés :

Élection Municipale - Bertille De La Berthelière élue !
Oui mais à quel prix ?

Le message suscita illico des interrogations. Depuis l’attentat,
toute la France connaissait la duchesse. Retweets, likes, partages,
commentaires. La mèche était allumée mais Rokia aurait préféré
devoir moins se précipiter. Tant pis. Elle ne pouvait plus reculer.

Émelyne

Elle ne programmait plus son réveil depuis belle lurette. Son corps
avait totalement intégré cette fonction. Il était 5h du matin. Éme-
lyne retournait délicatement son visage afin de capter la fraîcheur
de son oreiller, dégageait ses avant-bras enfouis sous sa couette et
tendait au maximum sa pointe des pieds. Ensuite, elle glissait ses
paumes derrière sa tête, ouvrant ses yeux au ralenti.
Campée dans sa nuisette, elle traînait d’abord ses talons aux toi-
lettes. Jamais elle ne se faufilait dans un peignoir à la sortie de
son lit de peur que sa ceinture ne trempe comme une mouillette.
Émelyne désactivait son « mode avion ». La journée pouvait
commencer.
La veille avait été riche en émotion mais c’est bien maintenant
que tout se concrétisait.
Bertille venait de se faire élire et personne ne savait où elle se
trouvait, ce qu’elle faisait et surtout dans quel état elle était.
Pendant qu’Émelyne pissait en survolant les titres de la presse
digitale, son café s’égouttait. Le Monde relayait un lien mis en
avant dans un aplat de couleur :
Élection Municipale - Bertille De La Berthelière élue !
Oui mais à quel prix ?

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