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e effleura de son doigt cette phrase soulignée et arriva sur le blog
de Rokia. La bobine de la journaliste était encastrée en haut à gauche
dans un encadré. Un peu sonnée, Émelyne posa son smartphone sur
la pile de rouleaux roses parfumés, s’essuya, tira la chasse et reprit
sa lecture ne comprenant toujours pas ce qu’elle faisait.
« C’est quoi ce bordel ? » tourna une dizaine de fois dans sa tête
avant qu’elle ne prenne conscience de la situation. Rokia, leur
comptable bénévole, avait un site où elle balançait des trucs sur
Bertille. Un twitter suivi par plus de 90 000 followers et un blog
tellement crédible et sérieux que lemonde.fr cautionnait et diffu-
sait son grand déballage. « C’est quoi ce bordel ? ». « Fuckerie de
merde, c’est quoi ce bordel ? ».
La jeune femme mit ses lentilles de contact, s’appliqua négli-
gemment une BB crème, effila sa frange entre son pouce et son
index et après s’être saupoudrée de terracotta, fit ressortir ses
lèvres d’un rouge vif et sanguin. Elle attrapa son trench sur le
perroquet de l’entrée et fila vers le QG.
Tous les matins c’est elle qui levait le rideau de fer, comme une
boulangère. Émelyne se dirigea dans l’arrière-cuisine, enclencha
la cafetière, alluma son ordinateur. Une enveloppe était inclinée
entre le pot à stylos et son clavier. Elle ne pouvait pas la rater.
Une feuille de papier soigneusement pliée en deux, noircie d’une
écriture précieuse faite de pleins et de déliés.
Mon Émelyne. Ma très chère amie Émelyne.
Comme j’ai aimé te connaître, te rencontrer…
« Et merde » se dit la jeune femme en cherchant de l’air. Depuis
son lever, dans sa bouche, tout n’était que grossièretés.
Pour moi c’est fini. Avec Tony la vie nous appelle et rien ne se passe ici.
Ne me contacte pas. Ne cherche pas à m’appeler car une page vient
de se tourner.
Je sais que tu vas assurer. Je pense très fort à toi. Mener cette cam-
pagne en ta compagnie m’a sauvée, merci, merci, merci et encore
merci. J’aimerais m’excuser mais je n’y arrive pas tant cette démarche
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de Rokia. La bobine de la journaliste était encastrée en haut à gauche
dans un encadré. Un peu sonnée, Émelyne posa son smartphone sur
la pile de rouleaux roses parfumés, s’essuya, tira la chasse et reprit
sa lecture ne comprenant toujours pas ce qu’elle faisait.
« C’est quoi ce bordel ? » tourna une dizaine de fois dans sa tête
avant qu’elle ne prenne conscience de la situation. Rokia, leur
comptable bénévole, avait un site où elle balançait des trucs sur
Bertille. Un twitter suivi par plus de 90 000 followers et un blog
tellement crédible et sérieux que lemonde.fr cautionnait et diffu-
sait son grand déballage. « C’est quoi ce bordel ? ». « Fuckerie de
merde, c’est quoi ce bordel ? ».
La jeune femme mit ses lentilles de contact, s’appliqua négli-
gemment une BB crème, effila sa frange entre son pouce et son
index et après s’être saupoudrée de terracotta, fit ressortir ses
lèvres d’un rouge vif et sanguin. Elle attrapa son trench sur le
perroquet de l’entrée et fila vers le QG.
Tous les matins c’est elle qui levait le rideau de fer, comme une
boulangère. Émelyne se dirigea dans l’arrière-cuisine, enclencha
la cafetière, alluma son ordinateur. Une enveloppe était inclinée
entre le pot à stylos et son clavier. Elle ne pouvait pas la rater.
Une feuille de papier soigneusement pliée en deux, noircie d’une
écriture précieuse faite de pleins et de déliés.
Mon Émelyne. Ma très chère amie Émelyne.
Comme j’ai aimé te connaître, te rencontrer…
« Et merde » se dit la jeune femme en cherchant de l’air. Depuis
son lever, dans sa bouche, tout n’était que grossièretés.
Pour moi c’est fini. Avec Tony la vie nous appelle et rien ne se passe ici.
Ne me contacte pas. Ne cherche pas à m’appeler car une page vient
de se tourner.
Je sais que tu vas assurer. Je pense très fort à toi. Mener cette cam-
pagne en ta compagnie m’a sauvée, merci, merci, merci et encore
merci. J’aimerais m’excuser mais je n’y arrive pas tant cette démarche
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