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elyne
C’était l’occasion de sortir le beagle, d’aller chercher le pain. Ça
faisait faire un petit détour pour la messe, mais ça restait sur le
chemin. Un crochet avant d’aller chez mamie, déjeuner l’éternel
coq au vin. Une halte durant le footing, une virée pour sortir ses
mocassins. Tout le monde se trouvait une bonne excuse pour aller
voter.
D’autres se déplaçaient par conviction et devoir démocratique.
Mais au final personne ne croyait encore qu’une élection chan-
geait les choses en profondeur. Dans ce quartier, tous étaient très
heureux de cette constante.
Chaque électeur savait qu’entre la maire actuelle et Bertille
ça serait kif-kif bourricot. Mais la duchesse passait à la télé, son
mari avait 6000 salariés, c’était so-chic de rouler en Bentley. Les
dés étaient presque jetés.
En l’espace de 4 mois de campagne, la candidate indépendante
un peu réac’ était devenue un modèle pour toutes ces bourgeoises
au foyer. Un exemple de courage et de légitimité. Une icône éma-
nant le fait que tout peut arriver. Même les gens qui travaillaient
et galéraient voyaient dans son parcours une quête de liberté.
Chacun y projetait ce qu’il en avait envie. Bertille avait réussi à
se transformer en pâte à modeler de la pensée. Bien joué !
À la mi-journée, les intentions de vote pour la liste De La Berthe-
lière étaient de 67%. Autant dire que c’était déjà plié.
Les bureaux de vote étaient pris d’assaut. Jamais il n’y eut une
telle mobilisation pour s’exprimer. Dans cette ville, la duchesse
faisait donc largement plus que l’unanimité.
À 18h les portes se fermeraient. Tous les responsables de lieux
commenceraient le dépouillement. Ensuite, ils remonteraient
leurs chiffres à un standard installé au cœur du théâtre munici-
pal. Dans cet espace culturel attendraient tous les candidats avec
leurs équipes au taquet. Un huissier serait derrière son ordinateur
lui-même raccordé en USB à un vidéo-projecteur balançant des
numéros dans un tableur.
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C’était l’occasion de sortir le beagle, d’aller chercher le pain. Ça
faisait faire un petit détour pour la messe, mais ça restait sur le
chemin. Un crochet avant d’aller chez mamie, déjeuner l’éternel
coq au vin. Une halte durant le footing, une virée pour sortir ses
mocassins. Tout le monde se trouvait une bonne excuse pour aller
voter.
D’autres se déplaçaient par conviction et devoir démocratique.
Mais au final personne ne croyait encore qu’une élection chan-
geait les choses en profondeur. Dans ce quartier, tous étaient très
heureux de cette constante.
Chaque électeur savait qu’entre la maire actuelle et Bertille
ça serait kif-kif bourricot. Mais la duchesse passait à la télé, son
mari avait 6000 salariés, c’était so-chic de rouler en Bentley. Les
dés étaient presque jetés.
En l’espace de 4 mois de campagne, la candidate indépendante
un peu réac’ était devenue un modèle pour toutes ces bourgeoises
au foyer. Un exemple de courage et de légitimité. Une icône éma-
nant le fait que tout peut arriver. Même les gens qui travaillaient
et galéraient voyaient dans son parcours une quête de liberté.
Chacun y projetait ce qu’il en avait envie. Bertille avait réussi à
se transformer en pâte à modeler de la pensée. Bien joué !
À la mi-journée, les intentions de vote pour la liste De La Berthe-
lière étaient de 67%. Autant dire que c’était déjà plié.
Les bureaux de vote étaient pris d’assaut. Jamais il n’y eut une
telle mobilisation pour s’exprimer. Dans cette ville, la duchesse
faisait donc largement plus que l’unanimité.
À 18h les portes se fermeraient. Tous les responsables de lieux
commenceraient le dépouillement. Ensuite, ils remonteraient
leurs chiffres à un standard installé au cœur du théâtre munici-
pal. Dans cet espace culturel attendraient tous les candidats avec
leurs équipes au taquet. Un huissier serait derrière son ordinateur
lui-même raccordé en USB à un vidéo-projecteur balançant des
numéros dans un tableur.
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