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idée de chanson, que vous écriviez la chanson,
qu’on trouve un musicien qui arrive à composer la
musique sur vos paroles, que je la répète avec mes
propres musiciens, qu’on fasse les orchestrations,
qu’on répète tous ensemble, qu’on puisse faire les
lumières – les fameuses lumières ! – et que je puisse la
chanter. » Moi qui n’ai jamais été le Speedy Gonzales
de l’écriture, j’étais pris de court. On était en pleine
période yéyé : Johnny Hallyday, Sylvie Vartan. « J’ai
un problème, je sens bien que je t’aime. » Johnny :
« Oh, j’ai un problème, c’est que je t’aime aussi ! »
Je n’allais pas faire chanter cela à Serge, ni essayer
de lui écrire le tube de l’été : « Si jamais tu me quit-
tais… » ! Je me suis donc réfugié dans ma passion
du cinéma : Serge lui-même était un grand acteur,
entre autres, dans Casque d’or de Jacques Becker,
avec Simone Signoret. Ce qui fait que ma première
chanson, Le Petit Garçon, est un petit scénario. C’est
l’histoire d’un homme qui est quitté par sa femme,
laquelle lui a laissé un petit garçon dont il ne sait pas
s’occuper. C’est pourquoi il dit : « Je ne sais plus faire
du feu, mon enfant, mon amour… Ce soir, il pleut
sur la maison, mon garçon, mon amour. Comme tu
lui ressembles ! » Je me disais qu’il n’y avait aucune
chance que cela marche, d’abord parce que ce n’était
pas une chanson dans les normes, qui « tourne »,
comme on disait à l’époque, mais aussi parce que je
ne pensais pas que Serge, à son âge, allait faire une

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