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lle était comme vous l’imaginez : passionnée
et passionnante, exaltée et exaltante. Bien qu’autri-
chienne, elle avait un tempérament méridional. Vous
arriviez chez elle – ou elle arrivait chez vous –, elle
vous sautait au cou et vous serrait compulsivement
dans ses bras. En même temps, elle avait un fort
caractère. Moi qui suis né sous le signe de la Balance,
j’ai eu parfois quelques petites difficultés avec elle.
Quand quelque chose ne lui plaisait pas, elle l’ex-
primait avec excès, du moins pour mon caractère
à moi. Par exemple, quand elle a lu mon scénario
d’Une histoire simple, elle s’est mise en colère et m’a
dit un jour, lors d’un dîner : « Tu as écrit un Vincent,
François, Paul… et les autres pour les femmes, alors
que Claude m’avait promis, quand nous dansions
tous les deux à Ramatuelle, un film spécialement
pour moi. » Je lui ai dit : « Ton histoire ne tient pas
debout, Claude ne sait pas danser. Il est impossible
qu’il ait dansé avec toi et t’ait promis cela à cette
occasion. » Là-dessus, elle s’est fâchée. Quand elle
se mettait en colère, son regard changeait de chaîne !
Son beau regard séduisant – comme on l’a vu dans
l’extrait des Choses de la vie tout à l’heure – devenait
glacial, vert pâle de serpent, et sa voix se durcissait.
Elle était comme ça et, en même temps, c’était perpé-
tuellement une enfant au bord des larmes.

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