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ANDRH : En quoi consiste une démarche pros- ANDRH : Dans un contexte de changements ra-
pective dans le champ des ressources humaines ? pides de l’environnement externe, est-ce que cet
Régine Monti : Une démarche de prospective effort d’anticipation à moyen terme n’est pas vain ?
est le plus souvent co-construite avec les acteurs Quels arguments en faveur de la prospective ?
des changements au sein de l’entreprise. Son Régine Monti : Gaston Berger, père du mot «
objet est de repérer les facteurs de changement prospective », disait « quand une voiture roule
de l’environnement externe - plus que de se vite, il est nécessaire que les phares éclairent plus
concentrer sur l’analyse des forces et faiblesses loin ». Nous aussi actuellement, nous constatons
internes - qui vont peser le plus fortement sur les comme Gaston Berger dans les années 60 l’ac-
ressources humaines. célération du changement, le rétrécissement
Il s’agit ensuite d’identifier les évolutions pos- du temps et de l’espace. Est-ce une raison pour
sibles, probables, souhaitables de ces facteurs fermer les yeux et foncer à toute vitesse dans le
clés pour mieux s’y préparer et pour mener à bien mur ? Au contraire, c’est parce que nous vivons
les projets en matière de ressources humaines. cette accélération que le devoir de prospective
Les sujets les plus souvent traités ces dernières s’impose et tout particulièrement dans le champ
années au sein des DRH sont ceux en lien avec des ressources humaines, par nature inscrites
l’évolution des métiers, des compétences, l’im- dans le moyen terme plus que le court terme
pact du numérique, le travail, la diversité, ... … au moins pour certaines dimensions clés
ANDRH : En quoi les démarches de prospec- comme l’employabilité, la formation, la gestion
tive se distinguent t’elles des autres démarches des âges, … L’homme a toujours été au coeur de
comme la conduite du changement ou la GPEC ? la prospective. Gaston Berger définissait ainsi la
Régine Monti : Les démarches de prospective prospective : voir loin, large, profond et penser
RH se distinguent de la conduite du changement à l’homme. C’est aussi ce dont témoigne depuis
au sens classique du terme, car elles consacrent plusieurs années L’ANDRH avec la création d’une
un temps significatif de la réflexion collective commission prospective (voir encadré).
aux enjeux externes (les nouveaux marchés à ANDRH : Est-ce que comme Monsieur Jourdain,
conquérir, les demandes des clients en évolu- les personnels des directions de ressources hu-
tion, les attentes des salariés,…) pour mobiliser maines ne font pas de la prospective au quotidien ?
et conduire au changement en interne. Régine Monti : Oui, naturellement, au sein des
Pour ce qui est de la GPEC, les démarches de DRH, chaque jour se prennent des décisions qui
prospective RH s’en différencient en travaillant doivent tenir compte à la fois d’impératifs de
sur un horizon plus lointain, celui des ruptures, court terme et en même temps des enjeux de
des changements profonds, en général à moyen moyen et long terme dans un environnement
terme (5 ans et +) pour lequel les politiques incertain. Par exemple, lors de l’ouverture d’un
adaptatives seront insuffisantes, et des poli- nouvel établissement en France ou à l’étranger,
tiques proactives seront nécessaires. Il est à noter on peut veiller à mixer les âges de recrutement
que très souvent les démarches de prospective même si cela a des effets sur les coûts immédiats,
sont complémentaires de celles de GPEC et les pour se préserver des marges de manoeuvres
nourrissent. dans la gestion des parcours professionnels dans
les années à venir, …On adopte là une posture,
une attitude prospective - et c’est essentiel - en
éclairant l’action présente à la lumière des évo-
lutions possibles.
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