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La caméra peut aussi être omnisciente lorsque la mise en scène voit tout
et comprend tout. Ainsi le spectateur peut percevoir ce que ressent un personnage,
tout en observant plus vite que celui-ci. Dans la séquence de l’annonce
radiophonique, le point de vue est subjectif lorsque nous vivons l'action en même
temps que le personnage (lorsqu'il joue son concert de jazz). Il devient objectif
lorsque la radio transmet le message de l'entrée en guerre : par cette déclaration
venant de l'extérieur le spectateur comprend pourquoi le concert est interrompu. La
mise en scène de cette séquence révèle aussi un point de vue omniscient : en effet
le réalisateur saisit à la fois la vie et l’action du personnage, en même temps que
les réactions du bouleversement engendré par cette annonce de l'événement
dramatique.

Par ailleurs par le biais d'un montage alterné, la caméra va se focaliser sur
différents destins pour que nous saisissions l'enjeu de cette déclaration dans
différents pays. Ainsi, la mise en scène se déplace à Paris pour suivre l’occupation
allemande. Dans cette séquence, nous voyons d'abord un plan sur les troupes
allemandes sur fond de musique militaire.

Puis la caméra pénètre dans l'appartement de Simon et Anne Meyer,
réveillés par cette musique. Ensuite celle-ci se rend avec le couple dans un défilé
militaire, dont un des membres enrôlé par l’armée n’est autre que Karl Kremer. La
caméra continue de jouer sur les différentes focalisations à l'aide de champ-contre
champ : nous voyons par exemple les personnages du couple Meyer ou le défilé
allemand.

Pour recréer une atmosphère réaliste et dynamique, celle-ci est
extrêmement mobile : elle est au cœur de l'action via un cadre symétrique et un
panoramique de 360° pour conférer à cette séquence une dimension spectaculaire.

Claude LELOUCH : une vision intimiste de L’Histoire 16
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