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La caméra porte d'abord un regard extérieur par un souci de respect et
d'intimité. En effet nous pouvons remarquer, la vue en plongée sur les barbelés de
l’entrée du camp, mêlé à un brouillard épais.

Dans un premier temps cette caméra accompagne les personnages, par un
travelling latéral de manière distante ; puisque le cadrage est essentiellement fait de
plans d’ensembles. Ce n'est que petit à petit, que celle-ci passe d’un mouvement de
foule vers des personnages en particulier (voir le léger zoom au travers des
barbelés). Le regard du cinéaste retranscrit en effet un fait faisant partie de la
mémoire collective en se focalisant sur des personnages fictifs.

Lorsque les gardes allemands séparent les hommes et les femmes à
l'entrée du camp, la caméra se rapproche du couple Meyer par le biais de champ
contre-champ et de plans rapproché. Cette séquence est filmée de manière pudique
avec une extrême justesse : il n’y a pas de dialogue, la musique tente de capter
une émotion à travers la gravité de cette séquence. Les tout premiers plans de
celle-ci, témoigne d'une sensibilité importante de la part du metteur en scène :
l’objectif de la caméra filme d'abord l’arrivée des camps avec une certaine
distance ; par la vision en plan éloignée et en plongée, c'est une manière de dire
pour Claude Lelouch que des faits de cette gravité doivent être abordée avec une
grande retenue.

Cette séquence est nécessaire pour la suite du récit filmique : il convient
de noter que le si les Uns et les autres font appel à la mémoire et l'Histoire :
peut-on et doit-on tout représenter ? La représentation de la Shoah fait face au
problème de l'indicible. Le cinéma de Lelouch s’imprègne d’une réalité pour la
retranscrire à sa manière. La mise en scène de l’Holocauste passe chez Lelouch par
l’émotion et la sobriété.

Claude LELOUCH : une vision intimiste de L’Histoire 20
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