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Si filmer l’irreprésentable passe par l’affect du spectateur, il convient de
noter que pour être au plus près de la réalité des faits, il est nécessaire de
montrer des images fortes et durables tout en restant plausible. La fiction recrée
une réalité en s’imprégnant d’un évènement gravé dans la mémoire collective. Filmer
l'Holocauste signifie qu’il faut faire un tri dans sa propre mémoire, pour être au
plus près de la réalité. Lelouch souhaite représenter l'image du camp de manière
sensible : le réel est au service de la fiction, mais l'impact des images est
indéniable pour le spectateur.
Nous le verrons dans la troisième partie, il y a plusieurs manières de
retranscrire la vérité d’un évènement historique. Comme nous l'avons constaté
précédemment, le titre du film précise que celui-ci fait appel à la mémoire.
Ceci sous-entend que Lelouch a reconstitué sa vision des camps et de La
Seconde Guerre Mondiale à partir de sa propre mémoire et de la mémoire des
« uns et des autres ». Par conséquent celui-ci a dû recueillir et se documenter
sur l'événement, avant de témoigner lui-même. En ce sens on peut rejoindre son
regard de cinéaste, à la conception que fait Henry Rousso sur la mémoire dite
collective qui est selon lui, « une somme imparfaite de mémoires éclatées et
hétérogènes. » 10
Après la séquence de l’arrivée aux camps, la mise en scène rejoint
l’Amérique à travers le personnage de Jack Glenn et ses amis les frères jumeaux
« les Tracy » qui désirent s’engager dans l’armée (une voix off retransmise par la
radio appelle tous les classes mobilisables pour aider les Forces alliées) ; sous
pression de leurs parents qui ne supportent plus leurs comportements bagarreurs (la
caméra est à nouveau très mobile).Lors de cette séquence, cette voix off annonce
également « une avancée dans le front russe » .Celle-ci précise que : « Stalingrad
est devenue le symbole de la résistance allemande. » La caméra fait alors une
transition sur cette bataille en montrant dans un premier plan une explosion à
travers des ruines. Puis très vite la caméra rejoint une poignée de soldat, qui
avance à travers des étendues de plaines. Dans un cadre symétrique les soldats
avancent vers la caméra. Par un travelling latéral, celle-ci met à la fois en avant la
marche des troupes et l’étendue des plaines.
10 Voir l’introduction de l'ouvrage Le Syndrome de vichy de 1944 à nos jours. 21
Claude LELOUCH : une vision intimiste de L’Histoire
noter que pour être au plus près de la réalité des faits, il est nécessaire de
montrer des images fortes et durables tout en restant plausible. La fiction recrée
une réalité en s’imprégnant d’un évènement gravé dans la mémoire collective. Filmer
l'Holocauste signifie qu’il faut faire un tri dans sa propre mémoire, pour être au
plus près de la réalité. Lelouch souhaite représenter l'image du camp de manière
sensible : le réel est au service de la fiction, mais l'impact des images est
indéniable pour le spectateur.
Nous le verrons dans la troisième partie, il y a plusieurs manières de
retranscrire la vérité d’un évènement historique. Comme nous l'avons constaté
précédemment, le titre du film précise que celui-ci fait appel à la mémoire.
Ceci sous-entend que Lelouch a reconstitué sa vision des camps et de La
Seconde Guerre Mondiale à partir de sa propre mémoire et de la mémoire des
« uns et des autres ». Par conséquent celui-ci a dû recueillir et se documenter
sur l'événement, avant de témoigner lui-même. En ce sens on peut rejoindre son
regard de cinéaste, à la conception que fait Henry Rousso sur la mémoire dite
collective qui est selon lui, « une somme imparfaite de mémoires éclatées et
hétérogènes. » 10
Après la séquence de l’arrivée aux camps, la mise en scène rejoint
l’Amérique à travers le personnage de Jack Glenn et ses amis les frères jumeaux
« les Tracy » qui désirent s’engager dans l’armée (une voix off retransmise par la
radio appelle tous les classes mobilisables pour aider les Forces alliées) ; sous
pression de leurs parents qui ne supportent plus leurs comportements bagarreurs (la
caméra est à nouveau très mobile).Lors de cette séquence, cette voix off annonce
également « une avancée dans le front russe » .Celle-ci précise que : « Stalingrad
est devenue le symbole de la résistance allemande. » La caméra fait alors une
transition sur cette bataille en montrant dans un premier plan une explosion à
travers des ruines. Puis très vite la caméra rejoint une poignée de soldat, qui
avance à travers des étendues de plaines. Dans un cadre symétrique les soldats
avancent vers la caméra. Par un travelling latéral, celle-ci met à la fois en avant la
marche des troupes et l’étendue des plaines.
10 Voir l’introduction de l'ouvrage Le Syndrome de vichy de 1944 à nos jours. 21
Claude LELOUCH : une vision intimiste de L’Histoire