Page 25 - I007744_BAT
P. 25
Ils venaient d’intégrer le cours moyen de deuxième année de
madame Heurteaux, une vieille fille sévère à l’enseignement
irréprochable. Dans un an, leur vie changerait puisqu’il leur
faudrait prendre le bus tous les matins sur la place de l’église
pour se rendre au collège de Nice. Mais en attendant ce
chamboulement scolaire, ils avaient encore beaucoup
d’insouciance à partager et de nombreux challenges à relever
comme celui qui les attendait ce soir-là dans l’étable.
Leurs pères s’entendaient très bien eux-aussi grâce à un goût
commun pour la chasse qui les avait rapprochés ces dernières
années. C’étaient deux belles personnalités honnêtes et
travailleuses, tournées vers autrui.
Giacomo et Bernard étaient maintenant installés au chevet
de la vache qui n’arrivait pas à vêler. Tandis que le tonnerre
livrait un bruyant concert au-dessus de leurs têtes et que le ciel
se zébrait d’éclairs tentaculaires, la pauvre bête montrait de réels
signes de faiblesse. Malgré tous ses efforts, son veau ne voulait
pas sortir. « Peut-être que son petit a peur de l’orage et qu’il préfère
rester à l’intérieur ? » pensait naïvement Nicolas dans sa petite
tête d’enfant.
Pour l’instant, on ne voyait apparaitre que ses pattes avant.
Malartigues n’en était pourtant pas à son premier vêlage et savait
ce qu’il fallait faire. La ferme était équipée en matériel
d’assistance médicale et s’il avait bien tenté de se servir de sa
vêleuse sur l’arrière train de la génisse, ses tentatives étaient
restées vaines.
La vêleuse, pour les néophytes, était une armature métallique
qui servait à aider l’animal dans son travail d’expulsion. On
attachait une corde aux pattes du jeune veau, dès qu’elles
sortaient, qu’on reliait ensuite à une poignée glissant sur une tige
crantée. On l’utilisait comme un treuil afin de tirer le bambin
vers l’extérieur à chaque poussée de la mère.
Malgré toute cette logistique adéquate et un savoir-faire
indéniable, la situation échappait au propriétaire des lieux.
23
madame Heurteaux, une vieille fille sévère à l’enseignement
irréprochable. Dans un an, leur vie changerait puisqu’il leur
faudrait prendre le bus tous les matins sur la place de l’église
pour se rendre au collège de Nice. Mais en attendant ce
chamboulement scolaire, ils avaient encore beaucoup
d’insouciance à partager et de nombreux challenges à relever
comme celui qui les attendait ce soir-là dans l’étable.
Leurs pères s’entendaient très bien eux-aussi grâce à un goût
commun pour la chasse qui les avait rapprochés ces dernières
années. C’étaient deux belles personnalités honnêtes et
travailleuses, tournées vers autrui.
Giacomo et Bernard étaient maintenant installés au chevet
de la vache qui n’arrivait pas à vêler. Tandis que le tonnerre
livrait un bruyant concert au-dessus de leurs têtes et que le ciel
se zébrait d’éclairs tentaculaires, la pauvre bête montrait de réels
signes de faiblesse. Malgré tous ses efforts, son veau ne voulait
pas sortir. « Peut-être que son petit a peur de l’orage et qu’il préfère
rester à l’intérieur ? » pensait naïvement Nicolas dans sa petite
tête d’enfant.
Pour l’instant, on ne voyait apparaitre que ses pattes avant.
Malartigues n’en était pourtant pas à son premier vêlage et savait
ce qu’il fallait faire. La ferme était équipée en matériel
d’assistance médicale et s’il avait bien tenté de se servir de sa
vêleuse sur l’arrière train de la génisse, ses tentatives étaient
restées vaines.
La vêleuse, pour les néophytes, était une armature métallique
qui servait à aider l’animal dans son travail d’expulsion. On
attachait une corde aux pattes du jeune veau, dès qu’elles
sortaient, qu’on reliait ensuite à une poignée glissant sur une tige
crantée. On l’utilisait comme un treuil afin de tirer le bambin
vers l’extérieur à chaque poussée de la mère.
Malgré toute cette logistique adéquate et un savoir-faire
indéniable, la situation échappait au propriétaire des lieux.
23