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Devait-elle prévenir le patient que l’intervention n’aurait pas

lieu ? Ce dernier était déjà installé sur un brancard au milieu de
la pièce, l’œil fraichement anesthésié.

— Sait-on au moins où il est ? Demanda Barbara à son

supérieur.
— Il est dans les locaux mais on ne sait pas où.
— Fais chier ! Souffla-t-elle en raccrochant.
Elle fulminait parce que sa fille terminait l’école à dix-sept
heures et qu’avec le retard déjà accumulé, elle ne pourrait pas
aller la chercher. C’était couru d’avance. Le bus ne l’attendrait

pas et sa petite Emma allait se retrouver seule devant le portail
de l’école. « Quelle merde ! » Il lui fallait un plan B.

Son unique recours passait par sa voisine Alice, la seule

personne dans son entourage capable de ramener sa puce à la

maison. Ni une ni deux, elle sortit son smartphone de sa poche

et téléphona à cette mère au foyer qui habitait sur le même palier
qu’elle. Depuis son divorce, Barbara vivait seule avec Emma. Il

lui était parfois difficile de combiner son métier prenant avec sa

vie de famille. Heureusement, Alice était mère elle-aussi et
comprenait la situation. D’ailleurs elle décrocha rapidement.

L’infirmière lui demanda si elle pouvait aller chercher sa
fille à l’école en oubliant que le patient entendait sa
conversation. C’était un monsieur à l’œil droit endormi dont les

oreilles fonctionnaient suffisamment bien pour comprendre la

problématique. Le chirurgien, censé lui opérer sa cataracte,
n’était pas encore arrivé. Lui aussi commençait à trouver le
temps long d’autant plus qu’on venait de lui attacher la tête sur

le brancard avec du sparadrap qui lui serrait le front de manière
inconfortable. Lorsque l’infirmière raccrocha, il se permit de

demander à voix haute :
— On commence bientôt ? Parce qu’avec ma prostate, j’ai

tout le temps envie de pisser.
Barbara lui répondit d’un ton sec.

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