Page 57 - memoire_lelouch_v2
P. 57
Partir Revenir, c'est avant tout une histoire de destins fictionnels. La vision
de l'Histoire passe ici par une dimension subjective : à la différence des Uns et des
autres, le spectateur ne réfléchit sur l'Histoire, mais plutôt vit avec celle-ci. Ce film
retrace une seule thématique historique : la persécution des juifs. Ici la caméra
prend corps avec l'Histoire : elle est toujours en activité. Le découpage du montage
de ce film est extrêmement complexe ; si l'Histoire passe par une vision subjective,
Lelouch a voulu exprimer celle-ci à travers la perception du montage, de l'image et
du son. L'Histoire rime avec tragédie et émotion, comme le prouve la séquence
majeure du film de la rafle. Le rythme du montage et de l'activité de la caméra
monte de manière progressive, jusqu'à ce que le spectateur se retrouve pris dans
un tourbillon habile d'images et de sons.
De plus le film s'exprime à travers la musique : ici, c'est Rachmaninov qui
donne un sens aux images avec l'intégralité du concerto numéro 2 opus 18, plus
un morceau composé par Michel Legrand. Dans Partir Revenir, l'histoire est revue
par l'intermédiaire de la musique. Il faut noter, que comme dans Les Uns et Les
Autres, le destin des personnages est lié par la musique. C'est pourquoi, nous
voyons des plans d'orchestre symphonique où la musique est visible, et d'autres où
la musique est au contraire extra diégètique. La musique est le coeur du film car
elle donne une émotion particulière aux images. Il est par ailleurs intéressant de
constater que dans Partir Revenir, la musique est universelle et intemporelle : en
effet, quel que soit la temporalité du récit, la musique ne change pas. Dans ce film,
trois temps du récit se juxtaposent ; à savoir le passé, le présent et l'époque
contemporaine. La rafle est en quelque sorte l'événement passé (ou encore toutes
les séquences faisant allusion à la vie des Lerner et Rivières d'avant la rafle).
On peut voir comme temps : l'action que nous sommes en train de vivre,
le présent, mais c'est en quelque sorte les yeux de Salomé Lerner ; narratrice
omnisciente du film qui raconte son parcours à Bernard Pivot. Le futur c'est
l'époque contemporaine du film, mais c'est aussi ce qui reste à vivre pour le
personnage. La réincarnation est également un thème qui peut se voir, comme une
conception particulière de la notion de temporalité. En effet le personnage du
pianiste pour Salomé Lerner, est la réincarnation parfaite de son frère disparu : il
sait jouer du piano parce qu'il aurait appris dans une vie antérieure.
Ce que montre Lelouch dans Partir Revenir, c'est l'importance de
l'agencement de l'image et de la musique au service d'une fiction.
Claude LELOUCH : une vision intimiste de l’Histoire. 55
de l'Histoire passe ici par une dimension subjective : à la différence des Uns et des
autres, le spectateur ne réfléchit sur l'Histoire, mais plutôt vit avec celle-ci. Ce film
retrace une seule thématique historique : la persécution des juifs. Ici la caméra
prend corps avec l'Histoire : elle est toujours en activité. Le découpage du montage
de ce film est extrêmement complexe ; si l'Histoire passe par une vision subjective,
Lelouch a voulu exprimer celle-ci à travers la perception du montage, de l'image et
du son. L'Histoire rime avec tragédie et émotion, comme le prouve la séquence
majeure du film de la rafle. Le rythme du montage et de l'activité de la caméra
monte de manière progressive, jusqu'à ce que le spectateur se retrouve pris dans
un tourbillon habile d'images et de sons.
De plus le film s'exprime à travers la musique : ici, c'est Rachmaninov qui
donne un sens aux images avec l'intégralité du concerto numéro 2 opus 18, plus
un morceau composé par Michel Legrand. Dans Partir Revenir, l'histoire est revue
par l'intermédiaire de la musique. Il faut noter, que comme dans Les Uns et Les
Autres, le destin des personnages est lié par la musique. C'est pourquoi, nous
voyons des plans d'orchestre symphonique où la musique est visible, et d'autres où
la musique est au contraire extra diégètique. La musique est le coeur du film car
elle donne une émotion particulière aux images. Il est par ailleurs intéressant de
constater que dans Partir Revenir, la musique est universelle et intemporelle : en
effet, quel que soit la temporalité du récit, la musique ne change pas. Dans ce film,
trois temps du récit se juxtaposent ; à savoir le passé, le présent et l'époque
contemporaine. La rafle est en quelque sorte l'événement passé (ou encore toutes
les séquences faisant allusion à la vie des Lerner et Rivières d'avant la rafle).
On peut voir comme temps : l'action que nous sommes en train de vivre,
le présent, mais c'est en quelque sorte les yeux de Salomé Lerner ; narratrice
omnisciente du film qui raconte son parcours à Bernard Pivot. Le futur c'est
l'époque contemporaine du film, mais c'est aussi ce qui reste à vivre pour le
personnage. La réincarnation est également un thème qui peut se voir, comme une
conception particulière de la notion de temporalité. En effet le personnage du
pianiste pour Salomé Lerner, est la réincarnation parfaite de son frère disparu : il
sait jouer du piano parce qu'il aurait appris dans une vie antérieure.
Ce que montre Lelouch dans Partir Revenir, c'est l'importance de
l'agencement de l'image et de la musique au service d'une fiction.
Claude LELOUCH : une vision intimiste de l’Histoire. 55