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s le générique nous constatons, un jeu sur les matériaux image et son. Le
spectateur a l'impression d'un début sans répit, dans lequel le film semble déjà
commencé. Par ailleurs, l'Histoire ne sera évoquée qu'à travers l'événement de la
rafle. Tout le film sera basé sur cet événement tragique. Si le but de Lelouch est
de jouer sur l'image et le son, cette séquence de la rafle se suffit à elle-même
pour représenter l'Histoire.
La musique de Rachmaninov a un impact fort sur les images, le réalisateur
conserve une vision de l’Histoire construit comme un enchaînement cyclique des
destinées ; avec cette imbrication des différents niveaux de récits et de temporalités
différentes. Mais cette fois-ci, la tonalité lyrique de la musique fait monter l’émotion
de manière crescendo ; à la différence du boléro de Ravel qui avait plus une valeur
illustrative pour exprimer l’universalité des époques et des destinées. Ici, le
spectateur se laisse guider par la synergie musique-image. Bien sûr dans les Uns et
les Autres , la séquence du boléro de Ravel était réussie, mais il convient de
constater qu'ici, le lien unissant la bande son à la bande image a gagné en fluidité.
Si l’on devait retenir qu’une seule séquence du film, se serait certainement celle de
la rafle pour ses images chocs.
Pour Lelouch, dans Partir Revenir, il s’agit de faire vivre l’acteur en même
temps que le spectateur. Les destins et les différentes époques se télescopent par
le biais du montage. Une séquence retiendra particulièrement notre attention pour
comprendre cette vision spécifique des destinées qui se confondent selon l’époque :
il s’agit de la séquence située juste après l’évocation de la guerre, via la discussion
entre Jean Louis Trintignant et Michel Piccoli.
Dans ces quelques plans, nous voyons des personnages dansant une
valse dans un restaurant. Nous remarquons que la caméra effectue une variation de
l’échelle des plans, pour se focaliser sur un mouvement de foule ou sur des
personnages en particulier (Annie Girardot, Jean Louis Trintignant…). Dans ce plan,
la caméra est extrêmement mobile pour suivre le rythme de la danse, nous
constatons aussi les champ -contre champ afin d’alterner les points de vues. Dans
ce plan, nous percevons l’adéquation entre le son et l’image. La musique est
dramatique et nous entendons plusieurs airs différents mélangés. Ce montage
musical allié au travail de l’image, symbolise la vie et le temps qui passe quelque
soit les générations. Le plan suivant se focalise sur le pianiste Éric Berchot, puis
nous avons un gros plan sur un livre de partition de Rachmaninov.
Claude LELOUCH : une vision intimiste de l’Histoire. 53
spectateur a l'impression d'un début sans répit, dans lequel le film semble déjà
commencé. Par ailleurs, l'Histoire ne sera évoquée qu'à travers l'événement de la
rafle. Tout le film sera basé sur cet événement tragique. Si le but de Lelouch est
de jouer sur l'image et le son, cette séquence de la rafle se suffit à elle-même
pour représenter l'Histoire.
La musique de Rachmaninov a un impact fort sur les images, le réalisateur
conserve une vision de l’Histoire construit comme un enchaînement cyclique des
destinées ; avec cette imbrication des différents niveaux de récits et de temporalités
différentes. Mais cette fois-ci, la tonalité lyrique de la musique fait monter l’émotion
de manière crescendo ; à la différence du boléro de Ravel qui avait plus une valeur
illustrative pour exprimer l’universalité des époques et des destinées. Ici, le
spectateur se laisse guider par la synergie musique-image. Bien sûr dans les Uns et
les Autres , la séquence du boléro de Ravel était réussie, mais il convient de
constater qu'ici, le lien unissant la bande son à la bande image a gagné en fluidité.
Si l’on devait retenir qu’une seule séquence du film, se serait certainement celle de
la rafle pour ses images chocs.
Pour Lelouch, dans Partir Revenir, il s’agit de faire vivre l’acteur en même
temps que le spectateur. Les destins et les différentes époques se télescopent par
le biais du montage. Une séquence retiendra particulièrement notre attention pour
comprendre cette vision spécifique des destinées qui se confondent selon l’époque :
il s’agit de la séquence située juste après l’évocation de la guerre, via la discussion
entre Jean Louis Trintignant et Michel Piccoli.
Dans ces quelques plans, nous voyons des personnages dansant une
valse dans un restaurant. Nous remarquons que la caméra effectue une variation de
l’échelle des plans, pour se focaliser sur un mouvement de foule ou sur des
personnages en particulier (Annie Girardot, Jean Louis Trintignant…). Dans ce plan,
la caméra est extrêmement mobile pour suivre le rythme de la danse, nous
constatons aussi les champ -contre champ afin d’alterner les points de vues. Dans
ce plan, nous percevons l’adéquation entre le son et l’image. La musique est
dramatique et nous entendons plusieurs airs différents mélangés. Ce montage
musical allié au travail de l’image, symbolise la vie et le temps qui passe quelque
soit les générations. Le plan suivant se focalise sur le pianiste Éric Berchot, puis
nous avons un gros plan sur un livre de partition de Rachmaninov.
Claude LELOUCH : une vision intimiste de l’Histoire. 53