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uvaient qu’il n’était pas un tueur. Bien au contraire. Son père
était un héros, son héros…
Si le médecin s’en était bien sorti, c’était aussi grâce à ses
racines paysannes que Malartigues découvrit ce jour-là pour la
première fois. En effet, les Giordano descendaient d’une lignée
d’agriculteurs italiens. Poussé par l’intensité de la soirée et par
l’émotion suscitée, Giacomo se livra un peu plus à Bernard en
parlant de sa famille et de son grand-père Enzo, qui avait été lui-
aussi éleveur de bovins en Lombardie.
Il expliqua que le patriarche des Giordano avait eu quatre fils
dont les trois premiers n’eurent d’autre choix que d’apprendre le
métier d’agriculteur pour faire tourner l’exploitation familiale.
Seul le benjamin, un certain Luigi - le père de Giacomo - avait
eu le droit d’aller à l’école plus longtemps. Le plus jeune des
frères avait ainsi suivi une formation de comptable qui ne
l’intéressait pas plus que ça mais qui lui avait permis d’éviter le
travail à la ferme. À la fin des années trente, ce dernier s’était
opposé au pouvoir de Mussolini et au parti fasciste et avait pris
l’initiative d’émigrer en France avec sa jeune épouse et ses
enfants Giacomo et Claudia. Voilà la raison pour laquelle
Nicolas était né en Provence et non pas en Lombardie comme le
reste de sa famille. Tout simplement parce que son grand-père
s’était rebellé contre les idées du Duce.
Après la guerre, Luigi prit l’habitude d’envoyer son fils et sa
fille tous les étés en Italie chez son père Enzo. Les deux enfants
passaient ainsi leurs mois de juillet et d’août en compagnie de
leur grand-père, non loin de Milan. Malheureusement, ils
n’avaient jamais connu leur grand-mère, décédée depuis
longtemps. En règle générale, le vieil homme préférait passer du
temps avec Giacomo plutôt qu’avec sa petite-fille Claudia. À
longueur de journée, il enseignait des valeurs au garçon comme
« Rispetta sempre la terra ragazzino4 ». Giacomo l’adorait et le
4Respecte toujours la terre gamin
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était un héros, son héros…
Si le médecin s’en était bien sorti, c’était aussi grâce à ses
racines paysannes que Malartigues découvrit ce jour-là pour la
première fois. En effet, les Giordano descendaient d’une lignée
d’agriculteurs italiens. Poussé par l’intensité de la soirée et par
l’émotion suscitée, Giacomo se livra un peu plus à Bernard en
parlant de sa famille et de son grand-père Enzo, qui avait été lui-
aussi éleveur de bovins en Lombardie.
Il expliqua que le patriarche des Giordano avait eu quatre fils
dont les trois premiers n’eurent d’autre choix que d’apprendre le
métier d’agriculteur pour faire tourner l’exploitation familiale.
Seul le benjamin, un certain Luigi - le père de Giacomo - avait
eu le droit d’aller à l’école plus longtemps. Le plus jeune des
frères avait ainsi suivi une formation de comptable qui ne
l’intéressait pas plus que ça mais qui lui avait permis d’éviter le
travail à la ferme. À la fin des années trente, ce dernier s’était
opposé au pouvoir de Mussolini et au parti fasciste et avait pris
l’initiative d’émigrer en France avec sa jeune épouse et ses
enfants Giacomo et Claudia. Voilà la raison pour laquelle
Nicolas était né en Provence et non pas en Lombardie comme le
reste de sa famille. Tout simplement parce que son grand-père
s’était rebellé contre les idées du Duce.
Après la guerre, Luigi prit l’habitude d’envoyer son fils et sa
fille tous les étés en Italie chez son père Enzo. Les deux enfants
passaient ainsi leurs mois de juillet et d’août en compagnie de
leur grand-père, non loin de Milan. Malheureusement, ils
n’avaient jamais connu leur grand-mère, décédée depuis
longtemps. En règle générale, le vieil homme préférait passer du
temps avec Giacomo plutôt qu’avec sa petite-fille Claudia. À
longueur de journée, il enseignait des valeurs au garçon comme
« Rispetta sempre la terra ragazzino4 ». Giacomo l’adorait et le
4Respecte toujours la terre gamin
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