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qu’à leur âge, l’amitié était plus forte que l’amour. Il avait
voulu y croire.
Celui qui embrassa la jeune fille fut bien évidemment
Alexandre. En mai, à l’occasion d’une boum organisée sur Nice,
le garçon officialisa ce que tout le lycée avait compris depuis des
semaines. La fille de Maitre Bontemps, avocat niçois, avait
craqué pour le fils d’un agriculteur de Carigoules. Ce premier
baiser fut l’une des scènes les plus violentes auxquelles Nicolas
assista dans sa vie. Assis sur un tabouret derrière le bar, il avait
observé leurs langues se mélanger dans une galoche aussi goulue
que douloureuse qui lui avait brisé le cœur.
Pendant une semaine, il s’arrangea pour ne plus les croiser.
Difficile malgré tout de réussir cette prouesse lorsqu’on prend le
seul bus qui part de Carigoules vers Nice chaque matin avec
celui qui vous fait autant souffrir. Il lui arrivait de simuler des
maux de tête pour ne pas lui répondre mais ça n’empêchait pas
Alex de lui parler d’elle. Il le saoulait avec son bonheur
d’adolescent sans se douter que Nicolas éprouvait des
sentiments pour sa petite amie. Heureusement, les grandes
vacances arrivèrent et chassèrent un peu les idées noires de la
tête de Giordano. Durant l’été, il évita Alexandre le plus souvent
possible en prétextant des occupations diverses mais
Malartigues ne s’en offusqua pas puisqu’il passa beaucoup de
temps sur la plage de Nice à embrasser sa bien-aimée.
À la rentrée suivante, Giordano entama une première
scientifique tandis qu’Alex changea de filière. Son niveau
scolaire trop faible pour suivre la voie générale le conduisit vers
l’enseignement professionnel. Pour la première fois depuis la
maternelle, les deux garçons n’étaient plus dans la même école.
Quant à la petite copine d’Alexandre, elle resta dans le lycée de
Nicolas pour son plus grand malheur. Malheur en effet car
chaque jour, elle s’accrochait à Giordano pour avoir des
nouvelles de son amoureux de Carigoules. C’était un vrai
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voulu y croire.
Celui qui embrassa la jeune fille fut bien évidemment
Alexandre. En mai, à l’occasion d’une boum organisée sur Nice,
le garçon officialisa ce que tout le lycée avait compris depuis des
semaines. La fille de Maitre Bontemps, avocat niçois, avait
craqué pour le fils d’un agriculteur de Carigoules. Ce premier
baiser fut l’une des scènes les plus violentes auxquelles Nicolas
assista dans sa vie. Assis sur un tabouret derrière le bar, il avait
observé leurs langues se mélanger dans une galoche aussi goulue
que douloureuse qui lui avait brisé le cœur.
Pendant une semaine, il s’arrangea pour ne plus les croiser.
Difficile malgré tout de réussir cette prouesse lorsqu’on prend le
seul bus qui part de Carigoules vers Nice chaque matin avec
celui qui vous fait autant souffrir. Il lui arrivait de simuler des
maux de tête pour ne pas lui répondre mais ça n’empêchait pas
Alex de lui parler d’elle. Il le saoulait avec son bonheur
d’adolescent sans se douter que Nicolas éprouvait des
sentiments pour sa petite amie. Heureusement, les grandes
vacances arrivèrent et chassèrent un peu les idées noires de la
tête de Giordano. Durant l’été, il évita Alexandre le plus souvent
possible en prétextant des occupations diverses mais
Malartigues ne s’en offusqua pas puisqu’il passa beaucoup de
temps sur la plage de Nice à embrasser sa bien-aimée.
À la rentrée suivante, Giordano entama une première
scientifique tandis qu’Alex changea de filière. Son niveau
scolaire trop faible pour suivre la voie générale le conduisit vers
l’enseignement professionnel. Pour la première fois depuis la
maternelle, les deux garçons n’étaient plus dans la même école.
Quant à la petite copine d’Alexandre, elle resta dans le lycée de
Nicolas pour son plus grand malheur. Malheur en effet car
chaque jour, elle s’accrochait à Giordano pour avoir des
nouvelles de son amoureux de Carigoules. C’était un vrai
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