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remit vite au parfum en s’humidifiant de transpiration. Dire
qu’il n’avait pris aucun change, ni d’affaires de toilette. Encore
moins de billet retour pour Paris.
Combien de temps allait-il rester ? Aucune idée car pour la
première fois de sa vie, il agissait à l’instinct.
Pour le moment, il avait décidé d’aller se recueillir sur la
tombe de ses parents. Il arpentait maintenant les allées du
cimetière en direction du caveau des Giordano. Au loin, il vit
une femme assise sur un trépied pliable, qui lui tournait le dos,
protégée du soleil par une ombrelle. Cette veuve semblait avoir
pris racine face à une stèle. En s’approchant, il l’entendit parler.
« La petite Lola est en pleine révision ! » disait-elle. Est-ce qu’elle
radotait ? Non, elle semblait vraiment discuter avec quelqu’un :
« Tu sais Roland, c’est une bosseuse. Je suis sûr qu’elle va avoir son
bac. Tu serais fier d’elle. »
Sur la plaque en marbre qui lui faisait face était inscrit :
Roland Ferry 1936-2014. Cette femme venait ici chaque jour
pour parler à son mari. Depuis quatre ans, elle lui racontait tous
les potins en cours. Ses monologues touchants prouvaient que la
mort n’était pas une fin en soi car rien n’empêche en effet de
parler à un mort pour peu qu’on n’en attende aucune réponse.
Cette femme ressemblait à Flavia à la fin de sa vie qui venait se
recueillir sur la tombe de Giacomo plusieurs fois par semaine.
Nicolas la dépassa sans un mot mais non sans émotion. À
l’angle de deux ouillères, il vit des fleurs surgir sur la stèle de
ses parents. Elles étaient fanées mais dataient de moins de trois
semaines.
Qui avait bien pu déposer des fleurs sur la tombe ? Sa tante
Claudia peut-être ? Ou bien ses cousines. L’une habitait à
Montélimar, l’autre à Marseille. C’était tout à fait possible.
Néanmoins, Nicolas fut surpris parce qu’il ne s’y attendait
pas. La dernière fois qu’il était venu, c’était en 2012. Six ans
déjà. En compagnie de Nathalie et de Clémence, il avait rendu
ce jour-là un dernier hommage à sa mère en l’accompagnant
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qu’il n’avait pris aucun change, ni d’affaires de toilette. Encore
moins de billet retour pour Paris.
Combien de temps allait-il rester ? Aucune idée car pour la
première fois de sa vie, il agissait à l’instinct.
Pour le moment, il avait décidé d’aller se recueillir sur la
tombe de ses parents. Il arpentait maintenant les allées du
cimetière en direction du caveau des Giordano. Au loin, il vit
une femme assise sur un trépied pliable, qui lui tournait le dos,
protégée du soleil par une ombrelle. Cette veuve semblait avoir
pris racine face à une stèle. En s’approchant, il l’entendit parler.
« La petite Lola est en pleine révision ! » disait-elle. Est-ce qu’elle
radotait ? Non, elle semblait vraiment discuter avec quelqu’un :
« Tu sais Roland, c’est une bosseuse. Je suis sûr qu’elle va avoir son
bac. Tu serais fier d’elle. »
Sur la plaque en marbre qui lui faisait face était inscrit :
Roland Ferry 1936-2014. Cette femme venait ici chaque jour
pour parler à son mari. Depuis quatre ans, elle lui racontait tous
les potins en cours. Ses monologues touchants prouvaient que la
mort n’était pas une fin en soi car rien n’empêche en effet de
parler à un mort pour peu qu’on n’en attende aucune réponse.
Cette femme ressemblait à Flavia à la fin de sa vie qui venait se
recueillir sur la tombe de Giacomo plusieurs fois par semaine.
Nicolas la dépassa sans un mot mais non sans émotion. À
l’angle de deux ouillères, il vit des fleurs surgir sur la stèle de
ses parents. Elles étaient fanées mais dataient de moins de trois
semaines.
Qui avait bien pu déposer des fleurs sur la tombe ? Sa tante
Claudia peut-être ? Ou bien ses cousines. L’une habitait à
Montélimar, l’autre à Marseille. C’était tout à fait possible.
Néanmoins, Nicolas fut surpris parce qu’il ne s’y attendait
pas. La dernière fois qu’il était venu, c’était en 2012. Six ans
déjà. En compagnie de Nathalie et de Clémence, il avait rendu
ce jour-là un dernier hommage à sa mère en l’accompagnant
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