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ps pour s’installer à Bordeaux où ils coulaient une retraite
paisible. Plus rien ne liait Nice aujourd’hui à Nicolas et à sa

famille excepté le cimetière du château. Bien sûr tout aurait pu
être différent s’il était resté en contact avec son meilleur ami.

Était-il judicieux d’utiliser l’expression « meilleur ami »

après une séparation de vingt-cinq ans ?

À genoux sur la stèle de ses parents, il se demandait si le

qualificatif était encore valable quand lui-même ne savait plus
rien d’Alexandre aujourd’hui.

Qu’était devenu le beau brun aux yeux bleus qui faisait
chavirer le cœur des filles ?

Lors du décès de Flavia en 2012, un certain AM était passé
chez le fleuriste la veille pour commander des fleurs. « Sincères
condoléances » avaient accompagné ses initiales sur une carte. La
commerçante avait dit à Nicolas qu’il avait payé en liquide et
qu’il n’avait pas laissé de nom.

Forcément, Nico avait pensé à Alexandre Malartigues mais
comme il ne s’était pas présenté au cimetière le jour de
l’enterrement, impossible d’en être sûr à cent pour cent. En tout
cas si c’était lui, il avait eu un geste délicat.

Il s’était souvent posé la question de savoir qui avait bien pu
le prévenir du décès de Flavia. Rien d’étonnant cependant à ce
qu’une telle annonce fasse le tour du village. N’oublions pas que
la nécrologie reste encore aujourd’hui le sujet préféré des gens
d’un certain âge. C’est comme si les vieux entraient dans une

compétition de longévité où celui qui vivrait le plus longtemps

en sortirait vainqueur. Chaque jour, ils vérifient les classements

dans les journaux locaux et se rendent aux inhumations pour
prouver qu’ils sont encore en course.

Suite à cela, Nicolas avait tenu à savoir ce que devenait
Alexandre. Pour la première fois depuis des années, il s’était

renseigné sur lui et avait découvert que sa ferme avait toujours

pignon sur rue. Aux dernières nouvelles, Alex vivait toujours à

Carigoules.

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